Avis de la presse

Aftenposten, «Brillant au royaume des neiges»,
le 2 mars 2009 de Inger-Margrethe Lunde

«Odd Johan Fritzøe a franchi un pas de géant dans sa carrière artistique. L’exotisme de la danse norvégienne peut devenir un bon produit d’exportation. Voilà une pièce qui est exotique, féérique, fascinante et remarquablement bien réalisée. Le chorégraphe Odd Johan Fritzøe et quelques talentueux associés ont créé «Neige», une production qui surprend et séduit. Le pays de l’hiver. Le chorégraphe est entré dans le domaine de la neige, des contes et des histoires, des récits véridiques ou non. Il s’est laissé inspirer par les explorateurs Scott, Amundsen et Nansen, par «Le palais de glace» de Vesaas, par «Rosmersholm» d’Ibsen, «La reine des neiges» de H.C. Andersen et par la montagne enneigée du Dragon de Jade et son principal pic encore vierge situés en Chine au pied de vallées mystérieuses. Intemporel. «Neige» produit une harmonie entre les différents éléments de manière convaincante. La scénographie monumentale et moderne de Karl Hansen et l’animation numérique d’Espen Tversland créent une représentation plus ou moins abstraite de glace, de montagnes et de neige sur la scène, l’arrangement musical très riche de Bjarne Kvinnsland avec, en particulier, les tambours et les percussions sur scène, mais aussi et surtout les magnifiques costumes, le plus souvent blancs, de Kathrine Tolo, tout cela sert de toile de fond au pays de l’hiver. «Neige» semble intemporel. Quant à la danse, elle est à la fois débridée et rigoureuse. Stricte comme la scénographie, lignes droites, angles avec souvent des mouvements saccadés, en même temps on se laisse emporter par le rythme et la variété, spécialement dans les scènes où sept danseurs approchent la synchronisation. Fritzøe exploite différents genres et expressions sans perdre toutefois son style. Bien que l’on passe insensiblement d’une scène à l’autre, le spectacle se compose de parties bien définies, des plus abstraites aux plus exquises et amusantes jusqu’aux plus dramatiques. Un des points culminants est le combat de Scott sur la glace. Le drapeau blanc flottant en lambeaux et plus encore les explorateurs polaires éreintés sont représentés par de fortes images visuelles. Des parties calmes, plus classiques, dansées par Torunn Robstad contrastent avec d’autres plus folles et sautillantes avec entre autres Cecilie L. Steen et Hanna Mjåvatn. Comme dans «Casse-noisette», Fritzøe est allé chercher des flocons de neige. Quinze jeunes danseurs de l’école de ballet de Kirsti Skullerud et trois très jeunes acrobates habillés en ours polaires font une imposante prestation. L’alternance entre rêve et réalité mêlée aux chaînes de montagnes enneigées conçues par Odd Johan Fritzøe en font un joyeux ballet. La neige est généreuse, elle procure et provoque joie et enthousiasme. Voilà une excellente publicité pour la Norvège, si le ministère des Affaires étrangères veut bien s’en donner les moyens».

Dagsavisen «Première division de danse»,
le 20 septembre 2000 de Inger-Margrethe Lunde

«Le graphisme vidéo s’introduit sur la scène ! On rencontre rarement un projet de scène où la parité y est aussi complète. Le chorégraphe Odd Johan Fritzøe a entrepris une collaboration très fructueuse avec pas moins de trois artistes reconnus, qui, chacun utilisant le moyen d’expression qui lui est propre, sont à l’origine de «Zooom». C’est une pièce douce, surprenante et originale. Elle tourne essentiellement autour du thème des techniques du cinéma, qui saute aux yeux alors qu’un générique se déroule sur le rideau de scène. «Zooom» est un passionnant voyage théâtral à travers monts et profondeurs, grandes cavités sonores, étendues modernes déchiquetées et espace habité par des animations vidéo ludiques. Le spectacle devient bien plus qu’un jeu sur les clichés. On l’oublie presque, même si des paraphrases sur «Je t’aime beaucoup», ou encore cette excellente parodie de twist, dansée en solo par Thomas Gundersen, sont visibles. C’est à la fois nostalgique et épuré de nostalgie. Un magnifique groupe que l’on voit principalement de derrière, est enveloppé de tutus aux superbes couleurs de rouge, d’orange, de vert, de violet, de bleu et de jaune. Kenneth Flak y fait une magnifique démonstration de pieds sur la tête. Les autres danseurs sont Camilla Myhre, Irene Rothmund Velten et André Austvoll. En dépit de toutes ces variations surprenantes, c’est l’aspect formel qui surprend le plus. Absolument rien n’est laissé au hasard. L’espace scénique vit de tout son être. On y voit s’empiler, de manière très impressionnante, les corps, le graphisme vidéo qui est tantôt menaçant avec ses couteaux et ses lames de scie, ses traces et ses tiges, tantôt rieur avec ses magnifiques fleurs en pleine éclosion, et les éléments de décor blancs et mouvants, cercles et ovales découpés dans un espace blanc qui se remplit de musique électronique accompagnée de percussions puis de notes de piano bien distinctes vers la fin. Un espace complet qui offre au spectateur une expérience monumentale. Les danseurs de Fritzøe vacillent un instant. Mais cela n’entache pas l’ensemble ni le langage corporel propre au chorégraphe. Les danseurs peuvent tout à coup serrer les poings, baisser la jambe ou l’épaule, ou se tordre comme si telle ou telle partie se détachait du corps et tombait. Mais elle ne tombe jamais. Elle peut à la seconde suivante se fonder dans un mouvement souple – rond même s’il comporte toujours une touche de staccato et un côté abrupte. Une sournoise remise en question que l’on peut rattacher à l’identité chorégraphique de Fritzøe. «Zooom» est la première longue pièce de Fritzøe. C’est éblouissant. Ce spectacle confirme, tout comme «Entrée», la pièce de sa collègue Lise Nordal présentée en première le weekend dernier, qu’un nouveau type d’expression formelle a fait son entrée avec fracas. La première division de la danse moderne norvégienne prend du galon. Et c’est fort réjouissant».

Klassekampen, «Une installation vivante»
de Inger-Margrethe Lunde, le 13 février 1996

«Tellement étrange ! Regardez. Les quatre danseurs ont été reçus par des sourires et des sourcils relevés. Ils ont été engagés par le Centre d’art Henie Onstad pour constituer/créer une installation de danse dans les différentes salles du centre et y déambuler à la rencontre de centaines de visiteurs. Chaque weekend, pendant quelques heures, les danseurs rivalisent avec Munch/Solberg, Kain Tapper, Sverre Wyller, Harvey Quaytman, Rune Dyrøy et la façade du centre pour attirer l’attention. Trois femmes et un homme sont vêtus de robes courtes argentées aux bords noirs, avec des chaussettes et chaussures noires. Tous ont des cheveux courts noirs hérissés, et le visage maquillé de blanc pâle. La seule touche de couleur qu’ils portent est un rouge à lèvres rouge. Ils portent chacun un radiocassettes. Dans le vestibule, les danseurs Henriette Slorer, Terje Tjøme Mossige, Camilla Myhre et Marit Ødegaard se réunissent et occupent ainsi la première station ou le premier «pays», tel que le chorégraphe Odd Johan Fritzøe dénomme ce spectacle. Par des mouvements rythmiques saccadés, assez lents, les danseurs présentent, pour ensuite répéter, une prestation au sol (concept tiré de la danse folklorique). Leur déplacement dans les différentes salles est effectué de manière agile et est ingénieusement chorégraphié. Deuxième arrêt : nous voici dans la salle oblongue fermée qui contient des lithographies/gravures de Munch/Solberg. Le scénario est défini et les danseurs se déplacent en fonction de la salle,  dans le sens de la longueur et sur leur propre axe. Les différentes compositions sont soigneusement planifiées comme un voyage dans l’espace, les costumes y faisant référence. L’impression froide et distante, visuelle et chorégraphique, est adoucie par des petits clins d’œil en coin et des sourires rapides et timides des danseurs au public,  ce qui joue ici une fonction de rédemption qui s’avère peut-être nécessaire. Dans la salle principale du centre et face à Munch/Solberg, les danseurs opèrent en grand format. Des nuances apparaissent même si le scénario de base est maintenu. Les radiocassettes participent activement à la danse et cela fonctionne très bien d’un point de vue acoustique. Les quatre danseurs disposent chacun d’un espace sonore complexe. Une belle cacophonie en sourdine qui souligne l’absurdité de l’ensemble de cette composition. Musique notamment de: ORB, De Press et les cours de langue de The Shangri-La´s et Linguaphone : allemand, arabe, hébreu et russe sont inclus. Jonas Digerud et le chorégraphe ont créé la conception sonore par données. Parfois, il est impossible de comprendre, alors que dans d’autres séquences, des mots et des phrases surgissent. Il est alors possible de les situer géographiquement mais pas nécessairement de les comprendre. Par ailleurs, les quatre danseurs ont parfois partie du cours de langue. Le son et la chorégraphie créent de nombreuses expressions comiques. Cet effet comique est d’autant plus renforcé dans ce cadre qui est à la fois démodé et très moderne. Le point culminant de cet évènement est «Petite baie», la seule chanson présentée presque comme telle, s’avère une parodie sophistiquée près de la balustrade qui amène au sous-sol et au nouveau bâtiment du centre d’art. Une autre station/un autre pays : l’ancienne salle de concert qui contient à présent les sculptures en bois de Kain Tapper. Une superbe salle monumentale et sacrale qui offre une fin magnifique et calme à ce voyage à travers de nombreux pays et de nombreuses salles».

Salsanor, novembre 2008
de Fredrik Drevon

«J’ai eu la joie d’assister dans la salle trikkehall de Kjelsås à un des spectacles du festival CODA, qui a su à la fois être divertissant et faire passer des idées plus profondes. «Ballons» de Odd Johan Fritzøe est une rencontre intense entre le break-dance et la danse contemporaine.  L’ouverture de la pièce montre «l’éclosion» d’un ballon en forme d’œuf, d’où sort un danseur qui danse son chemin d’une genèse organique à la découverte d’un univers mécanique sorti du film «Les temps modernes» de Charlie Chaplin. Les ballons symbolisent tour à tour des planètes et des problèmes existentiels.  L’empathie des danseurs dans cette chorégraphie imprévisible et humoristique crée des conflits énergétiques avec des thèmes tels que les conflits, la conformité et la sexualité, ou encore le sport au collège. À travers quelques références bien placées à l’homme comme marionnette et génie, et quelques «coupures» inventives dans la chorégraphie, cette pièce développe un univers proche de celui d’un roman ou d’un film. En creusant encore, le spectacle met en lumière la dimension politique du symbolisme des mouvements quotidiens, en insistant sur la manière dont l’Homme s’efforce d’effectuer, ou au contraire d’éviter à tout prix, un panel de mouvements conformistes. C’est le danseur de break-dance Chenno Tim qui tient le rôle de l’outsider ou du dissident, du personnage qui se bat sans relâche pour se définir une identité distincte de celles des trois autres danseurs».


Klassekampen, «Identité et appartenance»

de Inger-Margrethe Lunde, le 8 septembre 1993

«Un nègre dans la cour». Odd Johan Fritzøe surprend de manière positive avec son interprétation du thème de l’identité et de l’appartenance. Il répond à une réalité multiculturelle. Mais l’artiste tire son inspiration du sud, il relie la culture populaire norvégienne à la culture africaine. Il a grandi au Libéria et a, ensuite, étudié dans différents pays d’Afrique. «Il y a un nègre dans la cour – petite mère» est le titre qu’il a donné à son spectacle. Ce dernier est une expression intelligente et ludique de la richesse de la tradition de la danse et des possibilités qu’elle offre. Fritzøe a lui-même de l’expérience en danse folklorique norvégienne. Sa transformation de ce langage connu en danse moderne fluide, avec des constellations de groupes, de la danse circulaire et des mouvements à l’intérieur et hors des formations, est concluant et invite à l’inspiration. Personnellement, je suis plus attirée par la danse folklorique lorsque j’observe ses possibilités de transformation, si empreintes de rire, de joie et d’une part d’ironie. La scénographie souligne à sa manière bien distincte le but de cette chorégraphie. Trois arbres futuristes créent de la profondeur et des surfaces, selon les besoins. L’artiste visuel Karl Hansen a, sans doute, contribué à la création de cette dramaturgie humoristique et à l’attirance que créée cette danse et cette scénographie vivante. Un élan et un chameau apparaissent à la fin de la pièce. Une rencontre internationale au sens littéral du mot. Il s’agit d’une image simple mais qui fonctionne bien dans ce contexte et notamment du point de vue de la chorégraphie avec la danse rythmée, qui constitue un certain ensemble hiéroglyphe. Du point de vue musical, Fritzøe montre un grand talent. Il ouvre le spectacle avec un air norvégien, et s’embarque ensuite pour l’Australie avec une image sonore très hypnotique pour terminer par une berceuse africaine du Zaïre. La combinaison du connu avec l’inconnu, à la fois au niveau musical et du mouvement, crée une unité pertinente. Les danseurs effectuent une très belle performance, avec la danse du bâton, et avec la danse folklorique «leikarring» qu’ils dansent avec joie et curieusement ils dansent en silence dans les parties hypnotisantes. Les costumes, inspirés du costume traditionnel du Setesdal, mais également les évocations de l’Afrique, marquent le succès de ce spectacle à tous les niveaux».

Klassekampen, «Surprise»
de Inger-Margrethe Lunde, le 27 juin 1992

«Avec «Nuit de canicule», Odd Johan Fritzøe a franchi un pas de géant dans le monde de la danse en Norvège. Les trois danseurs évoluent dans la nuit à partir d’une forme qui ressemble à un animal. La métamorphose s’opère de manière ludique et silencieuse. De l’animal à l’homme, du reconnaissable à des séquences de mouvements ironiques et surprenantes. Douceur et légèreté, force sereine, pensées claires exprimées dans un langage très réfléchi et universel, les danseurs se déplacent vers l’avant, en cercles, suivant des rythmes à consonance espagnole et planant tels des criquets. Une pièce très belle et profondément poétique».

Klassekampen, «Légères variations»
de Inger-Margrethe Lunde, le 28 mars 1992

«J.O.D.A.M de Odd Johan Fritzøe dansé par Mona Walderhaug et l’artiste lui-même est une bouffée d’air frais, une chorégraphie qui amène à la réflexion et qui touche. Les danseurs portent deux lampes en acier de style fonctionnaliste qui s’allument et s’éteignent animant ou cachant ainsi la scène. Deux chaises font également partie de cette danse. Pièce accompagnée de musique et de textes (Finnigans Wake) de John Cage et Pommes Fritz (fusion de genres musicaux). Danse proche du minimalisme, parallèle et individuelle, qui s’exprime par des signes, créant ainsi un magnifique spectacle. Tout particulièrement grâce à Walderhaug et sa danse légère qui apporte une fluidité à des mouvements rectilignes. Des transitions ludiques de rythmes et d’expressions variés».